L’inclusion des personnes handicapées dans l’aide humanitaire: le cas de la Syrie
Conseillère en inclusion chez Handicap International sur la crise syrienne, Myroslava Tataryn a participé à la 31ème session du Conseil des Droits de l’homme, le 4 mars aux Nations Unies à Genève. Elle témoigne de l’importance de prendre en compte les personnes handicapées dans l’aide humanitaire. Et elle décrit la situation des personnes blessées et handicapées réfugiées dans les pays limitrophes à la Syrie. Eclairage.
Mohammed, Azraq Camp | (c) C. Fohlen Handicap / International
Quels sont les messages clés en matière d’inclusion des personnes handicapées?
Myroslava Tataryn: Nous espérons que cette 31ème session genevoise amènera des réflexions, et pourquoi pas des promesses, des Etats membres de l’ONU sur les questions d’inclusion. Il s’agira ensuite de les développer lors du 1er World Humanitarian Summit les 23 et 24 mai prochains à Istanbul.
Pour Handicap International il est très important de mettre en avant les besoins des personnes handicapées et de faire avancer les normes et standards internationaux. Nous devons nous assurer que les services humanitaires soient accessibles à tout le monde.
Handicap International souhaite également appuyer une meilleure prise en compte des besoins spécifiques des personnes handicapées. Nos récents recensements ont montré que près de 30% des personnes réfugiées en Jordanie et au Liban sont blessées, en situation de handicap ou atteints d’une maladie chronique. Ces chiffres montrent l’importance des besoins en termes d’inclusion dans les situations de crise et d’urgence.
Quelle est la situation des réfugiés syriens blessés ou handicapés?
Les personnes handicapées qui se réfugient dans les pays limitrophes sont nombreuses. Il peut s’agir de blessés de guerre ou de personnes déjà atteintes d’un handicap. Leurs besoins sont spécifiques en termes de santé notamment en physiothérapie, ergothérapie et en appui psychosocial.
Leur déplacement est synonyme de rupture en matière de soins et de services spécifiques auxquels ils avaient accès en Syrie. Mais aussi une rupture de leurs réseaux par lesquels ils pouvaient subvenir à leurs besoins quotidiens et participer à la communauté. Il est important de pouvoir assurer la continuité des services au risque d’une régression ou d’une péjoration de leurs conditions physique et sociale.
Pourquoi une prise en charge rapide est-elle importante?
Une prise en charge médicale et paramédicale rapide des blessés augmente leurs chances de rétablissement ou une meilleure réadaptation.
Dans le cas de personnes vivant depuis un certain temps avec un handicap, une prise en charge rapide à leur arrivée signifie un maintien à niveau de leur état. Ils peuvent ainsi continuer à assurer leur mobilité grâce notamment à des béquilles ou des chaises roulantes, qu’ils ont souvent dû laisser derrière eux dans leur fuite.
Quelles sont les difficultés les plus importantes au sein des populations réfugiées handicapées?
Leurs besoins sont semblables à ceux des autres réfugiés. Cependant, ils ont beaucoup plus de barrières à surmonter pour accéder aux services de base comme l’hébergement ou la nourriture.
Les distances sont souvent longues à parcourir sur des terrains peu praticables. Les hébergements accessibles, au rez-de-chaussée, sont difficiles à trouver. Ils se retrouvent donc souvent isolés, ce qui amène d’autres risques comme l’abus et l’exploitation avec peu de possibilités de dénonciation.
De manière générale, ces situations de grande vulnérabilité sont observées chez tous les réfugiés. Mais les besoins spécifiques, médicaux ou autres, augmentent la vulnérabilité des personnes handicapées ou blessées et les défis qu’ils ont à surmonter au quotidien.
En tant que travailleurs humanitaires, nous devons garder en tête la complexité et la multiplicité de ces défis. La diversité des services de Handicap International permet de d’identifier ces personnes et de leur fournir directement ou de les diriger vers les services adéquats.
Pourquoi les projets d’inclusion sont-ils importants?
Nous oublions parfois que nous pouvons tous tomber malade ou être atteint d’un handicap à n’importe quel moment de notre vie. Et l’inclusion et l’accessibilité des personnes handicapées peuvent bénéficier à beaucoup plus de monde qu’aux seules personnes handicapées existantes. C’est notamment le cas des personnes âgées. Elles ne sont pas considérées comme handicapées mais peuvent expérimenter au quotidien une mobilité réduite.
Une accessibilité des services facilite ainsi une interaction et une participation à la communauté à une population très diversifiée. D’où l’importance de valoriser les projets d’inclusion.
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