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À Madagascar, Julda nous raconte sa réalité face aux cyclones

Prévention Réadaptation
Madagascar

Julda nous parle de son quotidien à Madagascar, une île particulièrement exposée aux cyclones. Paralysée des jambes, Julda témoigne de la réalité des personnes handicapées face aux aléas naturels.

Julda, Ambilobe, Madagascar, novembre 2024. Après le passage du cyclone Gamane, Julda prône la coopération pour favoriser sa sécurité et celle de sa communauté face aux cyclones.

Julda, Ambilobe, Madagascar, novembre 2024. Après le passage du cyclone Gamane, Julda prône la coopération pour favoriser sa sécurité et celle de sa communauté face aux cyclones. | © A.Perrin / HI

Un tournant à l’âge de 7 ans

Je m’appelle Julda, j’ai 36 ans et je vis à Ambilobe, au nord de Madagascar, avec mes parents et mon fils de 5 ans. Ma vie a changé brusquement quand j’avais 7 ans. Une forte fièvre m’a clouée au lit, et les médecins n’ont jamais su ce qui m’arrivait. Peu de temps après, mes jambes ont cessé de fonctionner et de se développer et depuis, je me déplace en fauteuil roulant.

Avant le passage du cyclone Gamane en mars 2024, j’utilisais une machine à coudre pour fabriquer des vêtements et d’autres objets. C’était ma façon de subvenir à mes besoins et de gagner un peu en autonomie, mais le cyclone a bouleversé ma vie.

La nuit du 27 mars 2024, où tout a changé

Je n’oublierai jamais cette nuit-là. Les eaux ont commencé à monter chez nous alors que mon fils et moi dormions, il devait être environ 20 heures. Tout est allé très vite : la panique, l’urgence, l’incertitude. Je ne pouvais pas me déplacer seule, l’évacuation a été très compliquée pour moi. Heureusement, mes voisins ont été formidables et nous ont aidé à nous mettre en sécurité. Ils ont poussé mon fauteuil jusqu’au site d’hébergement le plus proche. Là-bas, mon fils et moi avons trouvé refuge pendant sept jours.

Aujourd’hui encore, ces souvenirs m’accompagnent... La saison cyclonique a commencé, je sais qu’il y a un risque que cela recommence et cela me fait peur. Ma maison, comme celle de tant d’autres dans notre communauté, est toujours fragile. Aussi, depuis le passage de Gamane, je n’ai plus ma machine à coudre, elle a été emportée avec une partie de nos affaires lors des inondations. Je vends des goûters à la sortie de l’école pour gagner en autonomie par rapport à mes parents avec qui je vis, mais mes ressources sont encore plus limitées qu’avant...

Un déménagement pour rebâtir ma vie

Après le cyclone, ma famille et moi avons déménagé dans un autre fokontany1 d’Ambilobe. Peu de temps après notre installation, j’ai rejoint une Organisation de Personnes Handicapées (OPH) soutenue par HI, qui m’a apporté beaucoup d’espoir. Cette organisation permet aux membres d’échanger sur leurs problématiques quotidiennes, de partager des solutions et de travailler ensemble pour améliorer l’inclusion à l’échelle de la commune. En rejoignant cette OPH, j’ai rencontré d’autres personnes vivant des situations similaires à la mienne. J’ai aussi suivi des formations qui m’ont permis de mieux connaître mes droits et d’apprendre comment les faire valoir. Ces ateliers et rencontres m’ont aidée à voir mon handicap autrement, à gagner confiance en moi, et à m’épanouir.

HI, m’a également fourni un nouveau fauteuil roulant. Mon ancien fauteuil était vétuste et difficile à manœuvrer. Ce nouvel équipement m’a donné une nouvelle liberté. Je peux me déplacer plus facilement, ce qui améliore grandement mon quotidien.

Un engagement pour l’avenir

Aujourd’hui, je veux transmettre ce que j’ai appris. Quand je rencontre une personne handicapée, je l’encourage à rejoindre l’association, qui nous donne les moyens de nous organiser et de nous faire entendre dans la commune.

Je pense aussi que les autorités doivent mieux informer les communautés vulnérables, notamment celles qui vivent près des rivières. Les alertes arrivent souvent trop tard, et dans de nombreuses communautés, les infrastructures d'évacuation ne sont pas adaptées pour les personnes handicapées ou celles ayant des besoins spécifiques. Cela rend les évacuations encore plus difficiles et dangereuses.

Il est essentiel que les solutions de gestion des risques cycloniques prennent en compte les spécificités de chaque personne. Cela implique des zones d'évacuation accessibles, des informations claires et rapides, et une prise en compte réelle des besoins des plus vulnérables. En travaillant ensemble à l’échelle de la commune, nous pourrions mieux préparer la communauté face aux cyclones, en garantissant la sécurité de tous.

 

1. Village traditionnel malgache ou subdivision administrative, pouvant inclure des hameaux, des villages, des secteurs ou des quartiers.

Published on: 6 février 2025
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