Goto main content
 
 

Kira, Storm, Fisti et Tini : rencontrez nos nouveaux collègues démineurs au Sénégal

Mines et autres armes
Sénégal

La truffe au vent et l’œil pétillant, les quatre chiens s’entraînent dans la végétation luxuriante de Casamance. Bientôt, ils démineront aux côtés de notre équipe.

Basher tient de la main gauche la laisse de Storm. Le chien, redressé, truffe au vent, semble avoir détecté quelque chose.

Basher Issa Al-Majali et Storm s’entraînent à la détection d’engins explosifs en Casamance, Sénégal. | © A. Stachurski / HI

C’est la première fois que nous travaillons avec APOPO au Sénégal. Pour les quatre chiens démineurs de notre équipe, le changement est de taille et un temps d’acclimatation est nécessaire. Après une pause d’une cinquantaine de jours, ils reprennent un entraînement long de plusieurs mois avec leurs dresseurs, Basher et Enrique. Bientôt, ils iront seconder nos démineurs et démineuses sur le terrain pour rendre la Casamance plus sûre. 

Acclimater les chiens à leur nouvel environnement

Kira, Storm, Fisti et Tini sont des malinois. Depuis qu’ils sont chiots, ils ont été entraînés par l’organisation APOPO, nos partenaires et spécialistes de la détection animale dans le processus de déminage, pour devenir des chiens détecteurs d'explosifs. En effet, la finesse de leur odorat est décisive pour détecter les engins explosifs, tandis que leur poids léger et l’entraînement reçu les met à l’abri des explosions.

Les quatre chiens viennent de Bosnie et c’est la première fois qu’ils travaillent au Sénégal. Habitués à des températures plus fraîches, le plongeon dans la touffeur casamançaise est rude. Un temps d’acclimatation a été nécessaire, pour qu’ils s’habituent à leur nouvel environnement et lient des liens avec les deux dresseurs. Depuis plusieurs mois, tous suivent un entraînement strict.

« La chaleur est un obstacle : au-delà de 35°C, on arrête tout. Le rôle des dresseurs est d’être attentifs aux signes émis par les chiens ; le contrôle visuel est très important. Ainsi, ils ne vont pas dans des endroits qu’on ne peut pas surveiller, comme derrière des buissons. Or, ici, la végétation est très touffue et peut cacher de nombreux dangers – déchets, bris de verre mais aussi serpents ou scorpions. Dès qu’on voit quelque chose bouger entre les herbes, on abandonne la zone un moment pour travailler ailleurs et ne prendre aucun risque, » explique Mohammad Alkhlaifat, le chef d’équipe d’APOPO.

L’entraînement sera bientôt terminé : sous peu, les dresseurs et les chiens d’APOPO obtiendront la dernière certification, celle de l’autorité nationale sénégalaise, et rejoindront nos équipes de démineurs et de démineuses sur le terrain.

« On a hâte de voir arriver les chiens. Ce sont nos nouveaux collègues, comme on les appelle ! » glisse dans un sourire Elisabeth, notre démineuse et agente de liaison communautaire.

Les chiens : un atout considérable pour le déminage

Enrique fait faire à Fisti un exercice de détection d’un objet explosif, pour reprendre l’entraînement en douceur. © A. Stachurski / HITous les matins, Basher et Enrique commencent par vérifier l’état des troupes : les yeux, la truffe, le corps – ils s’assurent qu’aucun des chiens n’a de blessure ou de fièvre. Les dresseurs guident chacun deux chiens qui, dès qu’ils seront déployés sur zone, travailleront 3 à 4h, inspectant chacun un minimum de 200 m² de terrain par jour.

« Nous avançons dans des corridors orientés dans différentes directions, car les chiens ne peuvent pas travailler avec le vent dans le dos, » indique Mohammad.

Dès qu’ils détectent une odeur suspecte, les chiens s’assoient en laissant au moins 1 m de marge devant eux et désignent l’objet avec leur truffe – conscients qu’ils doivent rester fixés sur leur objectif sans se laisser déconcentrer. C’est alors au tour de nos démineurs et démineuses d’intervenir, pour inspecter la zone et au besoin identifier l’objet et le désamorcer. Les chiens sentent les odeurs mais ils ne peuvent pas savoir de quoi elles proviennent. Il leur arrive donc de détecter des objets inoffensifs mais qui contiennent des composants utilisés pour certains explosifs, comme du plastique. D’autres fois, les indications qu’ils donnent sont fausses, comme lorsque le vent déplace les odeurs.

« On travaille avec des animaux, il est impossible de savoir ce qu’ils pensent. Il nous faut beaucoup de concentration et d’attention pour lire le comportement des chiens. Par exemple, certains chiens s’assoient dès qu’ils sentent quelque chose de suspect tandis que d’autres vont continuer jusqu’à trouver le lieu exact de l’objet, » souligne Mohammad.

Prendre en compte les paramètres extérieurs, comme la direction et la force du vent, est donc essentiel. De plus, pour garantir la qualité du travail effectué, les zones inspectées par une équipe dresseur-chien sont contrôlées par une autre équipe et vice-versa, pour s’assurer qu’aucun engin explosif n’a été oublié.

Des héros du quotidien

« Les chiens sont comme nous, il faut s’assurer qu’ils vont bien et les motiver à travailler. Mais ce ne sont pas des animaux de compagnie. Il nous faut aussi être stricts pour qu’ils obéissent et fassent bien leur travail, » raconte Basher Al-Majali.

Fisti joue avec le Kong, son jouet préféré. © A. Stachurski / HIKira, Storm, Tini et Fisti s’entraînent tous les jours avec leurs guides. Quand ce n’est pas sur le terrain, ils font des exercices ou de la natation pour se maintenir en grande forme physique. Ce qui les motive ? Leur jouet, le précieux Kong, soleil de leur vie. Il fait partie intégrante de leur quotidien, car c’est avec lui que les guides les récompensent quand ils font du bon travail.

« Ces quatre chiens sont très puissants et très motivés, ils forment une parfaite équipe pour le déminage. Mais ils sont aussi très doux, il faut leur parler doucement, » complète Enrique Arevalo.

Car nombreuses sont les vies qui dépendent de ce travail. Kira, Storm, Tini et Fisti, comme tous les chiens d’APOPO, travailleront pendant une dizaine d’années en moyenne. Mais un jour viendra où ils se sentiront fatigués. Ce jour-là, l’association leur cherchera des familles aimantes, prêtes à accueillir comme il se doit ces chiens d’exception. Même la retraite n’est pas de tout repos pour un chien démineur : dans leur grand âge aussi, il leur faut beaucoup d’exercice pour dépenser toute l’énergie et la puissance qui en ont fait des héros du quotidien.

Le Sénégal estime l’étendue de la contamination liée au conflit en Casamance à 1'200'000 m² de terres, réparties sur cinq départements. En mai 2022, nous redémarrons les opérations de déminage en Casamance, où notre association avait déjà libéré plus de 900'000 m² de terres depuis 2008. Ces deux projets actuels, ARC et BUZA, permettront de remettre à disposition 800'000 m² de terres d’ici à 2025, pour contribuer à réinstaurer la sécurité et la prospérité socioéconomique des communautés dans les régions de Ziguinchor et de Sédhiou. Ces projets bénéficient du soutien financier de l’Union européenne et du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas.

Published on: 8 janvier 2024
Nos actions
pays
par pays

Contactez-nous

Relations presse

Nadia Ben Said
Responsable Relations Médias
(FR/ALL/EN)

Tél : +41 22 710 93 36
[email protected]

Aidez-les
concrètement

Pour aller plus loin

Observatoire des mines : 5757 victimes en 2023, une augmentation de 22 % par rapport à 2022
© J. M. Vargas / HI
Mines et autres armes Stop Bombing Civilians

Observatoire des mines : 5757 victimes en 2023, une augmentation de 22 % par rapport à 2022

Publié ce mercredi 20 novembre à Bangkok, le rapport 2024 de l'Observatoire des mines fait état d'une augmentation du nombre de victimes causées par les mines : 5757, dont 84 % sont des civils. Une augmentation de 22 % par rapport à 2022. Handicap International, qui a reçu le prix Nobel de la paix avec d'autres organisations pour sa lutte contre les mines, appelle les États à user de leur influence diplomatique pour cesser d'utiliser ces armes aveugles. 

Gaza : l'histoire de Qamar, 7 ans
© Y. Nateel / HI
Mines et autres armes Stop Bombing Civilians Urgence

Gaza : l'histoire de Qamar, 7 ans

Parmi les personnes prises en charge par nos équipes, c’est la petite Qamar que nous avons choisi de vous présenter en vidéo. Lorsqu'un obus de char a frappé sa maison dans le nord de Gaza, elle a été gravement blessée et amputée de la jambe droite, a seulement 7 ans. Aujourd’hui, elle vit avec sa famille dans un camp de déplacés, où les conditions sont très précaires.   

Défendre la convention sur les armes à sous-munitions : une position critique pour un traité qui sauve des vies
© U. Meissner/HI
Mines et autres armes Mobilisation Stop Bombing Civilians

Défendre la convention sur les armes à sous-munitions : une position critique pour un traité qui sauve des vies

L'Observatoire des armes à sous-munitions 2024, publié en septembre 2024, continue de révéler de nombreuses utilisations de ces armes, ainsi que de nouvelles victimes. Alors que la Lituanie s'est récemment retirée de la Convention d’Oslo sur les armes à sous-munitions, nous rappelons son importance pour protéger les civils et l'impact à long terme de l’utilisation de ces armes interdites.