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5 choses à savoir sur la contamination par les restes explosifs de guerre en Ukraine

Mines et autres armes
Ukraine

Cette contamination d’une grande ampleur est la conséquence qui a débuté en 2014 et s'est intensifié après l'invasion à grande échelle du pays par la Russie en février 2022.

Des enfants sont assis à leurs bureaux dans une classe face à un écran où l'on montre des images pédagogiques, une famille ukrainienne dans sa vie de tous les jours pour expliquer les comportements sûrs à adopter en cas de danger, au tableau l'agent de sensibilisation de HI se tient debout et leur décrit les images.

Ana Peteris (HI) sensibilise les enfants aux dangers liés aux engins explosifs dans l'une des écoles situées en souterrain à Kharkiv, ville située à une trentaine de kilomètres du front. © M. Monier / HI 2024 | © M. Monier / HI 2024

L'Ukraine est l'un des 7 pays les plus contaminés au monde par les restes explosifs de guerre


Trois ans après l'invasion à grande échelle de son territoire par la Russie, on estime que l'Ukraine est jonchée de centaines de milliers d'engins explosifs. En avril 2024, l'Autorité nationale d'action contre les mines (NMAA) a indiqué que 156'000 km² du territoire ukrainien avaient été exposés aux combats et devraient faire l'objet d'une enquête afin de déterminer l’ampleur de la contamination1. Selon l’Observatoire des Minutes 2024, l'Ukraine est désormais l'un des sept pays les plus contaminés avec plus de 100 km² concernés2. Cependant, à ce stade, l'étendue de la contamination ne peut pas être déterminée de manière fiable tant qu'une enquête complète n'a pas été menée en raison du conflit en cours.  

Gary Toombs notre directeur technique des opérations de déminage :


« Les mines, les sous-munitions et les restes explosifs de guerre sont découverts dans les champs, sur les routes, dans les zones résidentielles, sous terre, et même cachés dans des objets ordinaires. Or, après avoir fui leur domicile pour se mettre en sécurité, de plus en plus de personnes reviennent dans ces zones contaminées par des munitions explosives. Des générations entières en subiront les conséquences. »


Des mines découvertes dans 11 des 27 régions du pays


L'Observatoire des Mines 2024 rapporte que des mines ont été identifiées dans 11 des 27 régions de l'Ukraine. La Russie a fait un usage intensif des mines antipersonnel en Ukraine depuis qu'elle a envahi le pays en février 2022. Il s'agit de l'utilisation la plus répandue de mines antipersonnel depuis des décennies. Des sources concordantes indiquent que l'Ukraine, qui est partie à la Convention d'Ottawa, a utilisé des mines antipersonnel dans l'oblast de Kharkiv, en 2022, lorsque la ville d’Izium était sous contrôle russe.

La région de Kharkiv enregistre le plus grand nombre d'accidents en 2024

La région qui comptabilise le plus d’accidents est celle de Kharkiv, dans l’Est du pays, avec 21 victimes entre juillet et septembre 2024 selon les analystes indépendants d'ACAPS3. La zone, située à une trentaine de kilomètres de la ligne de front, est bombardée depuis trois ans. De plus, la contamination est particulièrement dense et complexe en raison de l'établissement de positions défensives et du déplacement régulier de la ligne de front.

À l’échelle du pays, les autorités ukrainiennes font état de 763 accidents dus à des munitions explosives qui ont fait 1099 victimes depuis 2023.

Selon l'Observatoire des mines 2024, l'Ukraine est le quatrième pays qui a compté le plus grand nombre de victimes de mines en 2023.

Enfin, pour la deuxième année consécutive, l'Ukraine a enregistré le plus grand nombre de victimes annuelles d'armes à sous-munitions dans le monde. Depuis l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie en février 2022, plus d'un millier de victimes d'armes à sous-munitions ont été enregistrées en Ukraine. Plus de 50 attaques d'armes à sous-munitions ont été signalées en 2023 rien qu'en Ukraine, faisant de ce pays l'épicentre de l'utilisation d'armes à sous-munitions aux conséquences dévastatrices et durables sur les civils.


Ces restes explosifs de la guerre constituent un héritage mortel pour des millions de civils

Les restes explosifs de guerre représentent une menace à très long terme pour les civils, avec un impact direct sur leur accès aux services essentiels et sur leur développement socio-économique. Par exemple, il y a encore 80 millions d'armes à sous-munitions non explosées au Laos, 50 ans après la guerre du Viêt Nam. Au-delà du danger qu’ils représentent pour les civils, les opérations de décontamination sont un processus long et coûteux.

Certaines des armes utilisées sont pourtant interdites au niveau international par le traité d'interdiction des mines (traité d'Ottawa) et le traité sur les armes à sous-munitions (traité d'Oslo), que plus des trois quarts des États du monde ont signés. Depuis l'entrée en vigueur du traité d'Ottawa en 1999, le nombre de victimes a été divisé par cinq. Depuis 2008 et la signature du traité d'Oslo, les États parties ont détruit 1,49 million d'armes à sous-munitions et 179 millions de sous-munitions, cessant aussi leur production et leur usage.

Ces avancées résultent de l'engagement international pour protéger les civils. Nous appelons tous les États parties à ces piliers clés du droit humanitaire à dénoncer fermement l'usage de ces « armes des lâches » et à les défendre activement, sous peine d'aggraver les souffrances civiles en Ukraine

La sensibilisation essentielle pour réduire le risque d'accident 

À l’heure actuelle, la plupart des enfants de Kharkiv ont pu retourner en classe grâce à la construction d’écoles en souterrain, dans le métro. Nos équipes leur apprennent à se protéger des dangers liés aux restes explosifs de guerre : « Si vous voyez quelque chose d'étrange, ne le touchez pas. Éloignez-vous et appelez le 101 ». Ces leçons vitales les aident à reconnaître et à éviter les dangers tels que les mines terrestres, les explosifs et les zones dangereuses.

Dans le cadre de l'assistance aux victimes, nous soutenons également les personnes blessées à la suite d'un contact avec des engins explosifs. Ainsi, nos travailleurs sociaux identifient les survivants d'armes et de munitions explosives et les orientent en interne, par exemple le soutien psychosocial ou la réadaptation, ou en externe vers d'autres organisations humanitaires.

 

1 Rapport sur l'article 7 du traité d'interdiction des mines en Ukraine (pour l'année 2023), p. 26

2 LandMine Monitor 2024, page 50

3 ACAPS, 2024

4 Coût estimé à 34 milliards de dollars pour l'Ukraine

Published on: 6 février 2025
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