L’importance de la réadaptation en temps de guerre
De retour à Genève après une mission à Gaza en mars avec Handicap International, j’ai été ébranlée par ce que j’ai vu : la situation est catastrophique. Sans une aide humanitaire conséquente et inclusive, le nombre de personnes en situation de handicap va augmenter de manière significative.
Fouad a neuf ans; il est originaire de Gaza | © S. Hejji - HQ / HI
Dans des contextes de guerre tout est plus difficile. Il est vital de pouvoir être mobile : les personnes doivent sortir pour boire et se nourrir, malgré les dangers des bombardements.
35'000 Palestiniens ont été tués et 80'000 blessés à Gaza par les bombardements continus des forces israéliennes. L’offensive israélienne fait suite à l'attaque massive menée par le Hamas, le 7 octobre, au cours de laquelle 1’200 Israéliens ont été tués, et 240 Israéliens et ressortissants étrangers pris en otage.
Imaginez les difficultés des Gazaouites pour effectuer des tâches du quotidien avec des blessures invalidantes ou des handicaps déjà existants. Beaucoup ont des blessures multiples : amputations, plaies ouvertes, brulures et fractures. Sans rééducation immédiate et traitement à long terme, cela conduira à des restrictions dans les mouvements ou des invalidités permanentes.
Handicap International s’efforce de repérer ces personnes, de les soigner et les équiper avec des appareils d’assistances. Mes collègues prennent autant de temps que possible, afin d’adapter individuellement l’appareil et expliquer comment s’en servir. Cela est nécessaire car des appareils mal réglés, comme des béquilles, peuvent entraîner une mauvaise posture et, à long terme, affecter la démarche de la personne.
Les services de réadaptation sont essentiels pour permettre aux patients d’être indépendants plus rapidement. Les centres de santé encore opérationnels sont en incapacités de gérer des patients en convalescence. Ainsi, grâce à nos équipes de physiothérapeutes se rendant dans les centres de déplacés, les patients peuvent devenir plus indépendants grâce aux exercices à reproduire seul. Les séances de réadaptation sont basiques, avec peu de suivi malheureusement car les gens se déplacent constamment pour fuir les bombardements. Nos équipes appliquent également des pansements et rappellent les gestes d’hygiène, essentiels pour éviter les infections après une opération réussie.
L’aide humanitaire ne doit pas oublier les personnes qui étaient déjà en situation de handicap avant la guerre, estimées à 21 % de la population à Gaza, selon OCHA. Comment ces personnes peuvent-elles fuir sans moyen de transport, avec des prothèses ou des fauteuils roulants. La livraison de biens essentiels par les opérateurs humanitaires est vitale, en particulier pour ces personnes handicapées et les civils blessés.
Le nombre de personnes handicapées à Gaza va augmenter de manière significative, c'est certain. Même une blessure ou une fracture apparemment mineure, si elle est mal soignée ou si elle s'infecte, ce qui arrive souvent compte tenu des terribles conditions d'hygiène, peut entraîner des handicaps à vie. Handicap International demande donc un cessez-le-feu immédiat pour pouvoir garantir un accès humanitaire sure et inclusif à Gaza.
Maria Marelli, spécialiste en physiothérapie chez Handicap International
Contactez-nous
Relations presse
Nadia Ben Said
Responsable Relations Médias
(FR/ALL/EN)
Tél : +41 22 710 93 36
[email protected]