Le manque d’eau déstabilise une partie de l’Ethiopie
Une crise alimentaire majeure frappe plus de 20 millions de personnes en Afrique de l’Est, conséquence conjuguée de la sécheresse et des conflits. En Ethiopie, concernée par ces deux phénomènes, Handicap International se mobilise pour que les personnes les plus fragiles aient accès à l’aide humanitaire. L’association propose également des soins en physiothérapie de stimulation pour les enfants malnutris. Explications de Fabrice Vandeputte, directeur des programmes de Handicap International dans le pays.
L’école Bilisuma, située dans la région d’Oromia, Zone Haraghe Est, district de Fedis (Ethiopie) | (c) Handicap International
La sécheresse touche l’Est et au Sud-Est de l’Ethiopie. Elle affecte des populations essentiellement pastorales qui à cause de la pénurie d’eau sont obligées de déplacer leurs bétails (vaches, brebis…) vers d’autres terres, ce qui crée des tensions entre villageois qui doivent du jour au lendemain partager des zones de pâturage et des points d’eau.
De nombreuses écoles sont obligées de fermer à cause du manque d’eau. Et quand elles restent ouvertes, beaucoup d’enfants n’y viennent plus, car ils doivent aller chercher de l’eau. Plusieurs heures de marche sont parfois nécessaires pour atteindre un puit. Dans le cas de l’école Bilisuma que j’ai visitée il y a quelques jours, le point d’eau le plus proche est situé à 10 km.
Les pénuries sont également alimentaires car dans certaines zones, à l’Est du pays, les récoltes ont été mauvaises. Et la petite saison des pluies qui commence d’habitude début mars n’a toujours pas démarré. Or, ces pluies sont cruciales pour les prochaines récoltes dans trois mois. Aujourd’hui, 5,5 millions de personnes sont ainsi touchées par la crise alimentaire, soit 5% de la population éthiopienne.
Dans les villages
Dans la région de Dire Dawa, à l’Est du pays, nous menons trois types d’actions en lien avec la sécheresse: dans 100 villages, nous nous assurons que les réponses trouvées par les villageois pour faire face aux crises climatiques incluent bien les personnes handicapées: par exemple, quand les villageois reçoivent des semences résistantes à la sécheresse , nous veillons à ce que les personnes handicapées sont bien prises en compte dans les distributions; en cas de risque d’inondation, une signalétique par drapeau alerte les malentendants du danger... Nous fournissons également béquilles, fauteuils roulants, etc., pour qu’elles puissent se déplacer et travailler aux champs comme tout un chacun.
Enfin, nous sensibilisons les enfants aux risques de violences domestiques et sexuelles, ce qui n’est pas un petit problème dans cette région. Nous intervenons dans les écoles pour informer les élèves. Nous œuvrons à la coordination des services de police, justice, santé pour la prise en charge efficace des cas d’abus et de violence… A première vue, pas de rapport avec la sécheresse. En fait, si: dans une telle situation, alors que de nombreux enfants sont obligés de quitter l’école pour des tâches domestiques à l’extérieur de leur maison, comme chercher de l’eau, ils sont d’autant plus vulnérables et exposés.
Dans les camps de réfugiés
Autre particularité de la situation en Ethiopie: le pays accueille des centaines milliers de réfugiés, essentiellement sud-soudains, érythréens et somaliens, qui fuient la guerre civile et la famine.
Ainsi, la région de Gambella, à l’Ouest du pays, n’est pas touchée par la sécheresse mais accueillent plus de 250 000 réfugiés sud soudanais fuyant guerre et famine. Dans les camps, nous lançons, dès mai prochain, des soins en physiothérapie de stimulation pour les enfants sévèrement malnutris de moins de 5 ans: cette physiothérapie permet d’empêcher que ces enfants ne souffrent de retards de développement consécutifs à la malnutrition et développent des handicaps irréversibles.
Nous nous assurons également que les points d’eau et les sanitaires installés sont bien accessibles aux personnes à mobilité réduite.
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